Mesure de l'impact électoral d'une minorité : le cas des non-francophones au Québec, 1970 à 1994
Year:
1997
Author :
Publishing Company:
, Université de Montréal
Abstract
La présente thèse mesure l'impact électoral d'un groupe minoritaire dans le cadre d'un mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, en l'occurrence, les non-francophones au Québec durant la période 1970-1994. Le comportement électoral des non-francophones prend ici une dimension particulière. Loin d'être exclus de la vie publique comme c'est le cas de nombreuses minorités dans d'autres pays, les non-francophones ont l'occasion de participer de plain-pied au processus électoral en se joignant à la clientèle francophone du Parti libéral du Québec. Ne constituant qu'environ 15% de l'électorat inscrit et votant (comparativement à des effectifs représentant près de 18% de la population québécoise), les non-francophones représentent pourtant, selon nos estimations, près de 25% de la clientèle électorale du PLQ lorsque ce dernier remporte les élections, proportion qui grimpe au tiers dans la défaite. La médiation réalisée par le mode de scrutin majoritaire a pour effet de multiplier cette influence au niveau de la répartition des circonscriptions. Des proportions aussi faibles que 10% de non-francophones dans le Québec hors Montréal et 21% dans la région métropolitaine de Montréal sont généralement suffisantes pour ' garantir' l'élection des candidats libéraux, pour peu que le bloc non-francophone demeure uni face aux divisions du vote francophone. Notons qu'une proportion aussi faible que 6% de non-francophones a également été suffisante en 1994 pour permettre au candidat libéral local de l'emporter. Dans plusieurs autres cas, lorsque l'électorat francophone choisissait majoritairement le PLQ, les effectifs non-francophones ont été suffisamment nombreux pour avoir pu influencer le candidat libéral local. En additionnant ces derniers cas à ceux où les non-francophones détiennent le vote décisif, l'influence de ce groupe a touché près de 54% des sièges du PLQ lorsque ce parti sortait gagnant des élections contre 79% lorsqu'il était plutôt confiné à l'opposition. Du fait de leur expérience acquise dans l'opposition, de leur prestige et de leur notoriété, ces députés libéraux issus de circonscriptions comptant un minimum d'effectifs non-francophones représentent une proportion assez imposante des membres du conseil des ministres, soit près de 74%. Si l'on isole les 7 ministères les plus importants ainsi que le poste de Premier ministre, cette proportion frôle les 100 %. En somme, le mode de scrutin majoritaire a pour effet de multiplier l'impact électoral des non-francophones. Une telle situation n'a pas manqué de faire en sorte que le PLQ maintienne et promeuve certaines positions politiques souvent clairement impopulaires chez les francophones. L'aspect géographique de l'impact électoral des non-francophones a également été abordé: la diminution importante des circonscriptions montréalaises susceptibles de changer d'allégeance partisane a suscité la création d'une dynamique partisane de plus en plus centrée autour des circonscriptions du Québec hors Montréal, cela autant dans le cas du Parti québécois que dans le cas du PLQ. Bien qu'une intégration des immigrants et de leurs descendants ait déjà amélioré la position relative du groupe francophone "nationaliste" montréalais et, par là, l'alternance partisane, le processus d'intégration politique, dérivé direct du processus d'intégration linguistique, s'est toutefois montré nettement insuffisant pour contrer la disparition du caractère compétitif de la région métropolitaine de Montréal. (Abstract shortened by UMI.)
Theme :
Linguistic minoritiesQuebec
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